Un peu de texte.

[solhaken]

Ecrit pour le thème "espion" sur le forum du Chant des Mots.

Personnages : Daÿzun Orkina et Thivëa'nas shyira rÿzia'Sila
Fandom : Original - Evocation
Rating : G

Le jeune homme s'accouda à la balustrade et laissa son regard errer sur les festivités avec une expression neutre. Il avait un verre à la main et faisait lentement tourner le vin qu’il contenait, il y trempait parfois les lèvres mais ne faisait finalement qu’y goûter en en laissant croire aux autres qu’il buvait avec autant d’enthousiasme que les autres fils de seigneurs de son âge. Dans un froissement soyeux d’étoffe une jeune et ravissante demoiselle vint le rejoindre. Elle portait une robe qui mettait son corps en valeur, dévoilant plus qu’il n’était convenable pour une jeune fille de bonne famille. Ce qui s’expliquait par le fait qu’elle n’était nullement de bonne famille. Sa beauté flamboyantes attiraient les regards masculins, mais quand ils se posaient sur elle, c’était sans prendre la peine de dissimuler derrière un voile de galanterie leur concupiscence.

- Je n’aime guère l’attitude de ton père, murmura-t-elle en prenant garde à ce que nul autre l’entende.

Il hocha sombrement la tête.

- Je sais, répondit-il seulement.

Et si le ton était un peu sec, c’est qu’il n’avait aucune envie de s’attarder sur ce sujet à propos duquel il avait déjà eut des mots avec son père. Pres de lui la jeune femme eut un petit geste de la main, signifiant ainsi en silence qu’elle n’insisterait pas mais qu’elle n’en pensait pas moins. Ils se connaissaient assez pour que cela leur suffise à se comprendre.

- As-tu entendu quelque chose d’intéressant ?
- Je suppose que tu ne considères pas comme tel ce que j’ai pu entendre des intentions de ces porcs à mon égard ? demanda-t-elle avec légèreté.
- Tu suppose bien, grinça-t-il en crispant les mâchoires.
- Rien concernant notre affaire, mais deux trois petites choses qui pourront peut-être avoir une utilité concernant le commerce...

Il laissa naître sur ses lèvres un sourire vaguement amusé avant de prendre une nouvelle gorgée de vin.

- Commerce de denrées ou d’informations ?

De la piste de dans en contrebas, on les voyait parfaitement, mais cette distance nul ne pouvait lire sur ses lèvres, raison pour laquelle il était venu s'accouder là en l’attendant.

- L’un comme l’autre.

Il hocha la tête, elle lui détaillerait plus tard ce qu’elle avait pu apprendre, cela ne l’intéressait pas pour le moment. Comme elle, il se sentait las et déçu, la réception avait été une perte de temps. Elle tendit la main en un geste gracieux.

- Vois, le seigneur Eraliorda vient de paraître.

Il suivit la direction qu’elle lui indiquer pour découvrir le Seigneur Anrada Eraliorda que suivaient docilement ses deux aînés, Hyesté, son fils, et Shanélya, sa fille. L’un comme l’autre montraient des expressions calmes et neutre, mais Daÿzun devinait sans difficulté le malaise de Hyesté. En revanche l’expression de Shanélya lui laissa une impression étrange.

- Elle a changée, murmura rêveusement Thivëa.

Il fronça les sourcils, incapable de comprendre ce qui provoquait ce sentiment en lui et qui venait de motiver la remarque de la démone. Il fixa plus attentivement la jeune fille. Elle portait une robe de satin vert brodée d’or, couleur traditionnelle de sa famille. ses manche longues, les gants brodés et le haut col, de même que le foisonnement de dentelle de son décolleté ne laissaient guère entrevoir que son visage, et encore, Daÿzun savait bien qu’Anrada aurait été enchanté de revenir à l’époque où les femmes ne sortaient que voilées, ou ne sortaient pas du tout.

- Elle le hait.

La voix trop neutre de Thivëa l’alerta.

- Son père ?

Du coin de l’oeil il la vit hocher la tête.

- Cela n’a rien d’une nouveauté, murmura-t-il amèrement.

La démone eut une moue contrariée.

- Non, je parle de quelque chose de nouveau... Elle a changé, et sa haine pour le seigneur Eraliorda s’est renforcée.

Il suivi Shanélya du regard sans rien remarquer de particulier dans son attitude, et pourtant, il restait troublé, avec les sentiment que quelque chose lui échappait complètement. A ses côtés Thivëa esquissait un sourire moqueur et attendait qu’il admette son incapacité à identifier la nature du changement opéré chez la jeune fille.

Jeune fille... Il était grand temps qu’il cesse de penser à elle dans ces termes, elle était devenu femme et il ne pouvait plus le nier. Longtemps elle n’avait été que la petite sœur trop curieuse de son plus cher ami. Une gamine d’ordinaire sage et disciplinée qui se laissait parfois emporter par un surprenant élan de rébellion. Combien de fois les avait-elle suivie ? Combien de fois Andra était-il revenu sur ses pas pour la dénicher au détour d’un couloir ou derrière une tenture. Il souriait alors et sans un mot elle leur emboîtait alors ouvertement le pas.

Il se souvenait d’elle, penché avec application sur les livres de son frère, tentant d’en déchiffrer le contenu, Andra avait sourit, amusé. Puis avec un haussement d’épaule désinvolte il avait entreprit de lui apprendre à lire, à elle, une fille. Comment et pourquoi le fils d’un homme tel qu’Anrada, son fils aîné, son héritier, avait-il pu développer un caractère si totalement opposé à celui de son géniteur, c’était pour Daÿzun un mystère, mais les faits étaient là. Et jusqu’à sa mort prématuré, Andra avait toujours était là pour sa jeune sœur.

- N’est-elle pas superbe ? demanda Thivëa avec amusement.

La question le tira de ses réflexions et il hocha la tête. Comment prétendre le contraire alors que la jeune femme qu’elle était devenue rivalisait en beauté avec la démone qui se tenait à ses côtés. Il hésita, elle haïssait son père, il l’avait lu dans son regard lors de leurs rares rencontres depuis la mort d’Andra, mais la dernière de ces rencontres dataient, avait-elle conservé les mêmes sentiments ? Rien ne pouvait le lui garantir.

- Je veux que tu trouves sur elle tout ce que tu pourras... dit-il lentement. Sur elle, et sur Hyesté.
- Crois-tu qu’il puisse nous être utile ? demanda-t-elle avec indifférence.
- Je ne sais, il adorait Andra... Mais il est l’Héritier désormais.

Elle hocha gracieusement la tête.

- Oui, cela peut être fâcheux... Ou cela peut nous aider... Tout dépend.
- Tout dépend.

Il avait conscience qu’ils se tenaient à un carrefour, des décisions importantes devraient bientôt êtres prises, des décisions qui ne laissaient pas de place à l’erreur.

- Renseignes-toi.
- De quelle manière ? demanda rêveusement Thivëa.
- Toutes, répliqua-t-il sans la moindre hésitation dans la voix.

La démone eut un sourire ravi qui provoqua en lui une bouffée de désir qu’il du refréner. La moue ironique qui étira les lèvres de Thivëa lui indiqua pourtant qu’il ne l’avait pas dissimulé assez tôt. Mais après tout, quelle espionne serait-elle si elle ne s’en était pas rendu compte ? Il savait qu’il maîtrisait fort bien ses expressions, mais face à elle, lui, comme les autres, se trouvait souvent désarmé.